e G-TECH/pro de Tesla
Un accéléromètre
embarqué ...
Lorsque Francis S., le webmaster de Muscle
Car and Co. m'a parlé de ce curieux petit appareil qui était
capable de donner des temps sur 400 mètres, départ arrêté,
j'avoue avoir été fort surpris. Sur quoi devait-il être
branché, comment pouvait-il marcher, ses résultats étaient-ils
fiables, tant de questions alors sans réponses, malgré quelques
petites infos, plutôt encourageantes de la part de certains de nos
visiteurs qui en possédaient déjà un …
Puis lors de l'Euro Mopar en Grande Bretagne,
début Juin 2000, Steeve J. de Jersey m'a expliqué qu'il en
avait un sur lui, fraîchement acheté ... l'occasion était
trop belle pour la laisser passer sans tester ce curieux petit concentré
de technologie !
Ce
qui saute tout de suite aux yeux, c'est sa taille.
Gros comme deux petites boites d'allumettes, il
peut se caser dans n'importe quelle auto. Ainsi, si vous désirez
le tester sur votre Smart, pas de problème pour l'y mettre, l'essentiel
étant qu'il y soit placé parfaitement horizontal, il possède
pour cela d'un détecteur d'inclinaison électronique pour
vous y aider, d'une ventouse (pas d'une très bonne qualité
sur le modèle testé) pour le fixer sur le pare brise et d'un
petit bras articulé pour régler au " pouillème
" de degrés son inclinaison, voiture à l'arrêt.
Et coté branchement ? Là, stupeur, il ne lui faut qu'une
simple alimentation électrique, une banale prise allume cigares
!
Comment cela peut-il bien marcher
?
Sans rentrer dans des détails techniques
que ni vous ni moi sommes vraiment en mesure d'appréhender, sachez
juste que le G-Tech possède un circuit électronique qui effectue
une dérivée sur la composante accélération
qu'il mesure, et qu'il en déduit, presque magiquement, le temps
sur ¼ de mile (400 mètres), et la vitesse terminale (en MPH
- miles par heure), et tout cela, sans aucun capteur externe !
Même si cette indication sur le 400 mètres
est généralement sa fonction la plus intéressante,
sachez qu'en plus, il ne fait pas que cela.
- Il sait également :
- - Mesurer la puissance de votre véhicule (Il faut pour cela
indiquer à l'appareil, le poids du véhicule en livres (LBS))
- - Mesurer l'accélération de 0 à 60 MPH et la distance
de freinage de 60 MPH à l'arrêt complet du véhicule
- - Indiquer l'accélération instantanée (le nombre
de " G " encaissé par le pilote)
- - Indiquer l'accélération constante (dans le cas, par
exemple ou vous voudriez connaître quelle est l'accélération
latérale maximale (en d'autres termes, dans un virage) que peut
supporter votre auto avant de décrocher)
Mais il faudra faire un run à chaque fois pour chacun des paramètres
que vous voudrez mesurer. Le tout est expliqué assez clairement
dans une petite doc dans un anglais simple …
Tout cela, c'est bien beau,
mais c'est sur le papier !
Et
en situation réelle ? Là, ca se corse, la ventouse d'une
qualité médiocre, commence à poser des problèmes
dès le départ pour que l'appareil puisse rester en place
lors de l'accélération …
Bon, quelques instants plus tard, après l'avoir bien mouillée,
elle semble vouloir tenir. Bonne nouvelle. Lors de nos tests, il faudra
néanmoins la refixer et la retremper régulièrement
durant toute la journée, sous peine de voir passer le G-Tech en
vol plané entre les deux sièges, retenu uniquement par son
cordon d'alimentation à spirale. La mesure du run étant alors
évidemment perdue (Il affiche dans ce cas un joli " TILT "
clignotant, tu m'étonnes !). Et pourtant, il n'a pas été
testé dans une bête de drag … Juste la Dodge Challenger "
stock " 383ci boite auto de votre webmaster préféré
…
Bon, et coté résultats
des mesures ?
Après avoir réussi à fixer
ce microscopique mais néanmoins puissant appareil de mesure, nous
voilà parti pour une batterie de tests, essentiellement en mode
" Accélération " sur le ¼ de mile de la
piste de l'Avon Park Raceway, histoire de pouvoir comparer avec un appareil
de mesure traditionnel …
Au bout de quelques runs, une constatation s'impose,
il est rudement optimiste l'animal … Remarquez que ça flatte l'ego
du pilote, c'est toujours ça, mais coté précision,
c'est hélas un peu autre chose … Déjà, il semble bien
qu'il s'arrête de compter un peu avant que le ¼ de mile soit
parcouru. Pas évident dans ces conditions, d'effectuer une mesure
fiable …
Ainsi sur 3 runs significatifs, les résultats
des mesure sont les suivantes :
|
Temps officiel
(s)
|
Temps - G-Tech
(s)
|
Vitesse terminale officielle
(MPH)
|
Vitesse terminale G-Tech
(MPH)
|
|
15.280
|
14.92
|
92.78
|
99.7
|
|
15.311
|
14.95
|
91.45
|
99.8
|
|
15.233
|
14.99
|
91.28
|
99.9
|
Qu'en dire, qu'en déduire
?
Outre le fait que le G-Tech est un peu optimiste,
son décalage n'est pas proportionnel à la mesure réelle,
et c'est bien là le problème. S'il était toujours
optimiste de la même valeur, sa mesure pourrait être corrigée
après coup, en rajoutant 400 millisecondes, par exemple, mais on
peut voir lors du dernier des trois runs ci-dessus, il s'agit du meilleur
temps, alors que le G-Tech lui, indique … le plus mauvais !
Aucun réglage ou tarage n'étant possible, il faudra le
prendre comme cela.
Et sur une boite méca
?
La question qu'on pouvait encore se poser, c'est
de savoir si sur une auto à boite mécanique, le G-Tech peut
marcher ou non. En effet, si sur une boite automatique, les vitesses s'enclenchent
sans que l'accélération tombe lors de leur passage, ce n'est
pas le cas d'une boite manuelle. Quelques tests ont donc été
effectués sur le " daily driver " (auto de tous les jours)
de votre serviteur, mais cette fois ci, sans mesures officielles, juste
histoire de voir si déjà il donnait une valeur sur le ¼
de mile, quelle qu'elle soit. Ne riez pas, l'auto testée était
une Ford Sierra 2 litres version carbu, 90 cv DIN … bref, pas un foudre
de guerre !
Premier test, G-Tech en position
- GO -, nous voilà parti ! Mais le G-Tech … non ! Il n'avait pas
détecté le démarrage du véhicule ! Je veux
bien que ce soit un veau, mais tout de même, il y a des limites …
Test numéro deux, cette
fois ci, pied dedans, je laisse un peu de gomme sur la route (pas beaucoup
!), le G-Tech démarre et … s'envole entre les deux sièges,
suivi de son cordon … saleté de ventouse …
Test numéro trois, un démarrage
moins godasse-de-plomb que celui d'avant, Le G-Tech détecte bien
le départ, la vie est belle. Deuxième rapport, il continue
à compter, génial, puis troisième, 20 secondes, quatrième,
40 secondes, cinquième, 50 secondes … euh … ouuhouhh ? J'arrive
en vitesse limite sur l'autoroute où je fais mes tests, je veux
bien que l'auto sur laquelle ce truc est monté soit un veau (bis)
mais les 400 premiers mètres ils sont déjà loin derrière
! 60 … 70 secondes … bon, il est planté, je relâche l'accélérateur
… 80 secondes … 90 … 99.99 et hop ! le voilà reparti à 90
secondes, et il boucle entre 90.00 et 99.99secondes … Impossible à
arrêter, je le débranche …
Le quatrième test sera le
bon, le G-Tech aura réussi à se mettre en route au bon moment,
à compter et à donner une valeur que, vous me pardonnerez
'espère, je tairais afin de ne pas être ridicule, surtout
qu'en plus vous savez maintenant qu'il est assez optimiste !
Au final,
sur une batterie d'une dizaine de tests dans cette configuration "
boite méca ", de nombreuses mesures erronées (mauvaise
détection du démarrage, absence d'arrêt à la
fin), sont ainsi apparues. Ce qui n'est pas arrivé avec les sensations
légèrement plus musclées de la Challenger, ce qui
laisse à penser que sur une boite mécanique, avec un petit
moteur asthmatique, ca ne sert à rien, mais ça, on aurait
pu s'en douter auparavant ! Il faudrait l'essayer avec un bloc plus musclé
…
En conclusion
Le G-Tech est un fabuleux microscopique appareil,
intégrant une technologie de pointe, que l'on ne trouvait jusqu'à
présent, pour ainsi dire, que dans l'aéronautique, mais hélas
celui que nous avons pu tester n'était pas à la hauteur de
nos attentes, et c'est vraiment dommage, car s'il était fiable et
régulier, vousimaginez bien qu'il aurait sa place sur le tableau
de bord de tous les runners en américaines ou non …
Dans sa doc, Tesla explique que tous les problèmes que nous
avons rencontrés sont connus, et que si les mesures ne sont pas
correctes, c'est très certainement dû à une mauvaise
détection du temps zéro, moment où l'on démarre
et où lui aussi doit démarrer … Bon, et alors ?
Tous les G-Tech ne sont peut-être pas
comme celui-ci ?
Si vous aussi, vous en avez un et que vous l'avez testé en
le comparant avec un moyen de chronométrage fiable, faites nous
signe ! Tous les témoignages seront les bienvenus !
Nota : Ce
que vous ne pourrez pas faire avec :
- Des runs sur 1/8 de mile (Les runs de la FFSA), c'est du ¼
de mile et c'est tout ! Dommage ! - Runs sur une piste qui monte et/ou qui descend, la mesure sera alors
(encore plus) faussée.
- Le monter dans un avion de voltige, il " tiltera " a coup
sûr.
- Ou dans une auto qui fera un wheeling au départ (levé
des roues avants), la mesure se terminera vraisemblablement également
en " Tilt ".
- Mettre plus de 99.99 secondes pour faire le ¼ de mile, enfin,
là, il y a de la marge. - Le monter dans une 2CV ou une 4CV en 6volts … il lui faut quand même
du 12volts !
Christophe
Un énorme merci à
Steeve J. qui m'a confié son appareil neuf encore empaqueté
dans son emballage d'origine, et sans lequel nous n'aurions pu faire ce
test !
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